Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/136

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le chevaleresque Pouperol, « une perle de tenorino » qu’Hamiet avait découvert par hasard dans un boui-boui du Point-du-Jour et engagé séance tenante. Et une chose qui porta le tumulte à son comble fut la nouvelle, lâchée soudain comme un pétard au plus chaud de la discussion, que Madame Brimborion passait le jeudi d’après.

Il n’y eut qu’un cri :

— Jeudi !

— Jeudi.

— Jeudi prochain ? Dans six jours ?

— Parfaitement.

On crut à une blague.

Point du tout.

C’était absolument sérieux, et la façon dont il proclama par trois fois : « Jeudi ! Jeudi ! Jeudi !… Est-ce compris, oui ou non ? » enleva toute espèce de doute à cet égard.

D’ailleurs, dans la minute d’ahurissement qui accueillit cette déclaration, il développa sa pensée.

— Quand serait-ce alors ?… Vendredi ?… C’est la reprise de Coq-en-pâte aux Bouffes. Samedi ?… C’est la première d’Un gros ami de province. Dimanche ?… c’est la représentation d’adieu de Carbonneaux. Alors quand ? Je vous le demande ! Eh ! sans que vous vous en doutiez, j’ai deux mille francs de frais par jour, moi ! J’y suis de soixante mille balles à l’heure qu’il est !

— Et après ? interrogea Hour de qui la silhouette furibonde se dressa dans la nuit indécise de l’orchestre. Qu’est-ce que ça peut me foutre, tout ça ? Est-ce que j’ai à entrer dans ces détails-là ? La pièce n’est pas prête, voilà le fait ; et je n’en laisserai certainement pas compromettre le