Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HANNIBAL

Rends-le-moi, mon tabac, hein, dis ?

PIÉGELÉ

Impossible.

HANNIBAL

Voyons, rends-le-moi, Piégelé. Rends-moi mon tabac, s’il te plaît. Je me traîne à tes genoux moralement.

PIÉGELÉ

Tant de platitude me dégoûte, tu n’auras rien.

HANNIBAL
Cœur de roche ! c’est trop cochon !

(Onze heures sonnent.)

ANTOINETTE, sautant à bas de la table.

Onze heures ! Dix minutes d’arrêt.

(Protestations de quelques laborieux.)

ANTOINETTE

Silence aux pétardiers ! J’ai mes trois quarts d’heure de pose, moi. J’en ai ma claque, à la fin.

LES PÉTARDIERS, désarmés.

Devant ce torrent d’éloquence…

MAUDRUC

C’est un fait que, pour moucher le monde, Antoinette n’a pas sa pareille.