Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et de la mise au pillage qui lui faisait retourner comme un gant et rendre inextricable, du jour au lendemain, un fonctionnement consacré par de longues années de routine. Il s’abattait sur un bureau à la façon d’une nuée de sauterelles, et tout de suite c’était la fin, le carnage, la dévastation : la coulée limpide du ruisselet que la chute d’un pavé brutal a converti en un lit de boue. Le seul fait de sa présence affranchissait tout un petit monde d’employés, superflus de cet instant même, et n’ayant plus qu’à se croiser les bras devant l’effondrement sinistre de ce qui avait été leur service.

À la fin, M. de La Hourmerie, cédant aux supplications de ses collègues, avait consenti à se l’adjoindre, et, comme on abandonne un objet inutile aux pattes meurtrières d’un gamin, il lui avait abandonné la gestion des AFFAIRES CLASSÉES.

Là, au sein même du dieu Papier, que Van der Hogen était bien !

Libre de nager, de patauger, de s’ébattre, en une pleine mer de documents officiels, de débats jurisprudentiels, de rapports administratifs accumulés les uns sur les autres depuis les premiers âges de la Direction, il passait d’exquises journées