Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/52

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plus tard, l’affaire n’avait pas fait un pas. Ballottée de cartons en cartons, elle flottait par les bureaux des Dons et Legs, tiraillée comme à deux chevaux entre les deux avis, radicalement contraires, de l’autorité ministérielle et de l’autorité préfectorale, concluant l’une au rejet du legs, l’autre à son acceptation. Le pis était que deux députés ennemis avaient pris la chose à leur compte et tiraient dessus, chacun dans un sens, avec menace de créer des complications au Cabinet si le litige n’était tranché inversement à l’avis de l’autre ; le tout au grand chagrin du conservateur légataire, inondant la Direction de rappels désespérés et hurlant après son bien comme un chien de garde après la lune. Saisi de la question, le Conseil d’État hésitait, discutait le point de savoir lequel, au juste, d’un legs proprement dit ou d’une charge d’hérédité non sujette à l’approbation du gouvernement, constituait la libéralité Quibolle, et le débat en était là, quand Van der Hogen intervint.

Une fois qu’il passait devant la porte ouverte du rédacteur Chavarax, il aperçut le bureau vide, et, sur la table, un dossier gigantesque, de la hauteur d’une cage à serins.

Le legs Quibolle !…