Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/109

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Une petite pièce modestement meublée. — Au fond, une porte, et, à gauche, en pan coupé, une fenêtre praticable. A droite, une porte. Un casier laissant voir les dos de deux grands livres, reliés en vert, avec montures de cuivre.


Scène première

Landhouille, seul.


Au lever du rideau, Landhouille, à la porte du fond, le dos présenté au public, hurle, à une personne qu’on ne voit pas, des recommandations que couvrent des roulements de tambour.


Landhouille. — Tu feras mes amitiés à ma tante Virginie, et tu l’embrasseras pour moi. Tu diras à mon oncle Auguste… — Vas-tu te taire, avec ton tambour ? Quelle diable d’idée ai-je eue de donner un tambour à cet enfant ! Tape encore un peu, que je t’entende ; je te le reprendrai, moi, ton tambour. (Le tambour se tait.) Tu diras à mon oncle Auguste que j’ai été forcé d’aller à la réception du ministre. Ce n’est pas vrai, mais ça ne fait rien. Tu as l’abat-jour de ma tante ? Oui ? Bon. Adieu, Sidonie ; n’oublie pas les fruits confits de Mme de Pont-à-Mousson. (Répondant à une question que le public n’entend pas.)… Bien entendu, chez l’épicier. Et pense aux crottes de chocolat de Mme de Saint-Jean-Pied-de-Port. Et puis, toi, Toto, tâche d’être sage. Embête-la un peu, ta mère ; embête-la, avec ton tambour ; je t’apprendrai comment je m’appelle, moi. (Il referme la porte, descend en scène et tire sa montre.) Trois heures dix. Sidonie ne sera pas rentrée avant sept heures ; mettons à profit nos loisirs pour établir le bilan de l’infâme Premier Janvier, en procédant à la récapitulation des étrennes que j’ai reçues. (Il va au casier, en tire un des grands livres et le transporte dans ses bras jusqu’à une table chargée de papiers et de journaux, placée à droite, à l’avant-scène. Ceci fait, il s’installe, se plante son binocle sur le nez, et, rabattant le couvercle du volume :)