tout, vous qui niez toujours, vous, la négation faite homme, est-ce que vous le nierez aussi? Non ? Hein ?... Ah !!! J'ai fini ! Et voilà l'homme qu'on fait asseoir sur ce banc d'ignominie qui a vu rougir tant de visages, l'homme que de misérables rancunes voudraient livrer à vos rigueurs !... Je livre, moi, à vos dégoûts, la bassesse de tels calculs ! Je persiste avec confiance dans mes conclusions.
Il se rassoit.
La parole est au ministère public.
Ça y est!
Quoi?
Je suis révoqué.
Révoqué ?
Lisez vous-même.
C'est ma foi vrai! Cher ami...
Lui serre la main.
Recevez mes condoléances !
J'y joins les miennes.
Je vous en remercie d'autant plus que vous êtes nommé à ma place.
Moi ?
Parfaitement !
C'est exact, tenez.
Il passe L'Officiel à l'avocat.
« Décrets Présidentiels : M. Barbemolle, avocat au barreau de Paris, est nommé substitut du Procureur de la République de la Seine, en remplacement de M. de St-Paul-Mépié, révoqué ! »
Tous mes compliments.
Et les miens.
Mon cher prédécesseur, voici votre journal.
Voici ma toque !
Comment, vous nous quittez déjà?
Je serais le dernier des idiots, si je continuais à servir, fût-ce une minute, un gouvernement qui se conduit avec moi...
Comme un cochon.
J'allais le dire. Adieu! Je vais traduire Horace. Que le Seigneur vous tienne en santé et en joie !
Il sort.
Scène VII
Bonjour, mon ami, bonjour. Il a l'air vexé.
Plutôt.
Tout de même, il n'est pas gentil. Me voilà obligé de renvoyer à plus tard les débats de l'affaire Lagoupille.
Pourquoi ?
Je ne puis rendre un jugement qui serait certainement infirmé par la Cour de Cassation, le tribunal n'étant plus au complet.
Je suis là.
Je le vois bien.
Eh bien?
Je n'ose comprendre... Vous consentiriez ?...
Je croirais manquer à tous mes devoirs si je ne répondais, dès son premier appel, à la confiance qu'a daigné me témoigner le gouvernement de la République.
Puisqu'il en est ainsi...
Lui indiquant du doigt le siège du ministère public.
La place est encore chaude... J'ajoute qu'elle m'est heureuse à vous y rencontrer.
Monsieur le président...
lui serre la main, puis va occuper la place que le départ du substitut a laissée vide.
Vous êtes prêt à requérir ?
Je suis aux ordres du tribunal.
Dont acte. L'audience continue. Monsieur le substitut, vous avez la parole.
Après la plaidoirie si éloquente et si persuasive que vous venez d'entendre, je ne saurais m'illusionner sur la difficulté de la tâche q