Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/37

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Au fond, porte à deux battants. Un grand bureau-ministre surchargé de paperasses. Une bibliothèque et un cartonnier constituent avec deux ou trois fauteuils de bureau le reste de l'ameublement que complètent au point de vue décoratif un buste de la République (modèle officiel) et un portrait du chef de l'Etat.


Scène première

Boissonnade, seul, puis l'huissier, puis le gendarme

Boissonnade est assis à son bureau, devant un monceau de pièces qu'il signe après les avoir rapidement parcourues, et range ensuite en tas dans un coin du bureau. De temps en temps un geste d'impatience témoigne de l'intérêt qu'il prend à cette besogne. -- Enfin la lecture d'un papier lui arrache une exclamation désolée.

Boissonnade. --- Le gendarme est sans pitié! (Il sonne, puis, à l'huissier qui entre:) Le gendarme Labourbourax.

L'huissier remonte vers la porte, qu'il ouvre et, après avoir fait un signe vers la coulisse, s'efface et sort, tandis que le gendarme paraît sur le seuil. Après avoir salué militairement, il fait trois pas, s'arrête, ramène la main dans le rang, rectifie la position selon l'ordonnance, et s'immobilise, muet.

Boissonnade. --- Vous êtes sans pitié, gendarme! Encore un attentat à votre caractère!... Savez-vous que je vois venir l'instant où le tribunal d'Ecoute-s'il-Pleut, exclusivement occupé à venger vos petits griefs, ne pourra plus suffire à tant d'obligations? Ne dites pas non. La chambre correctionnelle n'entend parler que de vos malheurs! Hier, c'était, à votre requête, douze condamnations pour