Je fus échaudé trop souvent.
La Brige. --- Encore une fois...
Monsieur Saumâtre. --- Encore une fois, veuillez me rendre mon chapeau... Et vous, madame, mon parapluie.
Les déménageurs
Conspuez, ô nos coeurs, cet homme opiniâtre,
Contenez vos élans justement indignés.
Et vous, nos yeux, de pleurs baignés,
Flétrissez le cruel Saumâtre!
Sur nos nuques et sur nos dos
Chargeons, messieurs, chargeons les lourds fardeaux.
La Brige, aux déménageurs. --- Je vous demande pardon, mes
enfants, mais je suis dans l'obligation de renoncer à vos
services. Toutefois, il ne sera pas dit que de braves garçons
comme vous se seront dérangés pour rien. J'entends que vous
buviez un coup à ma santé. -- Tu as de la monnaie, Hortense?
Les déménageurs
De votre front chargé d'ennui
Ecartez toute âpre pensée;
Le déménageur porte en lui
Une âme désintéressée.
Puisque ce monsieur nous accorde
Une équitable indemnité,
Salut à lui! Paix et concorde
Aux gens de bonne volonté.
La Brige. --- Je suis pauvre. Voilà cent sous. Allez
vous désaltérer et laissez là vos paniers que vous
reprendrez tout à l'heure.
Les déménageurs, enthousiasmés.
Cent sous!... Il nous offre une thune!...
Ventre-Saint-Gris, c'est la fortune!
Or, voici qu'il est midi vingt,
Précipitons nos pas chez le marchand de vin.
Sur nos nuques et sur nos dos
Chargeons, messieurs, chargeons les lourds fardeaux.
Ils sortent.
Scène III