Page:Coussemaeker - Chants populaires des flamands de France.djvu/14

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INTRODUCTION.

ment facilitée, s’il existait pour chaque province un recueil semblable à celui que M. de la Villemarqué a publié pour la Bretagne. Ce serait certainement le meilleur moyen de composer le recueil général qui forme l’objet du décret du i6 septembre. Mais quoique l’on fasse, qu’on se hâte, car à l’époque où nous vivons les traditions se perdent, le caractère national des provinces tend & disparaître de jour en jour. C’est le résultat de la centralisation du pouvoir et de l’administration ; c’est l’effet de l’uniformité des lois et des institutions. S’il est temps qu’on songe & réunir les documents concernant les mœurs et les traditions de chaque peuple, cela est surtout urgent pour ceux des Flamands de France. Les derniers vestiges de la civilisation flamande dans le nord de la France sont près de s^engloutir dans l’oubli.

C’est ce qui nous a porté à faire pour les Flamands de France ce que M. de la Villemarqué a fait pour la Bretagne. Seulement quand on considère la circonscription territoriale des Flamands de France, qui n’embrasse que deux arrondissements, dont la population comprend à peine 210,000 âmes, on ne peut s’attendre à trouver une collection égale ni en nombre, ni en importance à celle de H. de la Villemarqué ; on ne la trouvera pas en effet ici. Nous ferons remarquer d’ailleurs que nous ne donnons dans ce volume que les poésies populaires chantées, ayant un caractère tout-à-fait impersonnel. Les chants historiques et ceux qui ont pour auteurs les Liedzangers des foires et marchés, feront l’objet d’une publication spéciale. Quant aux poésies non chantées, elles trouveront leur place dans les Annales du Comité flamand de France, qui s’est mis en devoir de les rassembler. Inutile donc de dire que nous n’avons pas la prétention de donner aux chants composant ce volume une importance qu’ils n’ont pas, ou de les élever à une hauteur qu’ils ne sauraient atteindre, telle n’est pas notre intention. En leur laissant néanmoins le modeste rang qui leur convient ; nous croyons qu’ils ne sont pas sans intérêt au point de vue de l’étude des mœurs et des traditions de notre Flandre et par conséquent au point de vue général de l’histoire de la France.

En les publiant, nous avons eu en vue surtout de ne pas laisser périr certains vestiges que nous considérons comme de précieux souvenirs de notre antique et naïve Flandre. Nous avons voulu les faire connaître à ceux pour qui ces vieilles traditions ont encore du charme. De pareils appréciateurs ne manquent pas en Belgique, en Hollande et en Allemagne, si l’on en juge par les publications de même genre qui y ont été faites depuis quelques années. Et parmi les Flamands de France, il en est aussi plus d’un dont le cœur n’est