Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/251

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logique, et ne porte pas sur le contenu » (B. 61). Il est évident qu’il entend ici par logique ce que nous entendons par psychologique. Il oppose nettement ce que nous pensons plus ou moins implicitement dans un concept, et la manière dont nous le pensons, à ce qui y est contenu logiquement, que nous le pensions ou non actuellement. Or c’est la définition du concept qui seule détermine son contenu logique. C’est ce qui ressort avec évidence de ces passages : « Je ne dois pas regarder ce que je pense réellement dans mon concept du triangle (celui-ci n’est rien de plus que la simple définition)… » (B. 746) ; et plus loin : « C’est donc en vain que je philosopherais sur le triangle, c’est-à-dire que je le penserais d’une manière discursive, je ne pourrais dépasser si peu que ce soit la simple définition… » (B. 747). C’est donc la définition qui sert de critérium aux attributs analytiques, et par suite aux jugements analytiques. Pourquoi le jugement « Tous les corps sont étendus » est-il analytique ? C’est que la notion de l’étendue est contenue dans celle de corps, et fait partie de sa définition. Pourquoi le jugement : « Tous les corps sont pesants » est-il synthétique ? C’est qu’on n’a pas besoin du caractère pesant pour définir le corps ; il est complètement défini par d’autres caractères, et par suite celui-là ne peut lui être attribué qu’après coup, synthétiquement (B. 42). On le voit : ce qui distingue les attributs analytiques et synthétiques d’un concept, c’est le fait, purement logique, qu’ils font ou ne font pas partie de sa définition.