Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

[244] Dans les Prolégomènes (§ 2, b), Kant explique sa pensée : « Comme le prédicat d’un jugement analytique affirmatif est déjà pensé auparavant dans le concept du sujet, il ne peut être nié de ce sujet sans contradiction… » Qu’est-ce à dire ? Il ne s’agit pas de le nier, mais de l’affirmer ; or si le principe de contradiction nous interdit de le nier, il ne nous commande pas de l’affirmer, à moins que « ne pas nier » ne soit synonyme d’« affirmer ». Kant continue « de même son contraire est nécessairement nié du sujet dans un jugement analytique mais négatif, et cela encore en conséquence du principe de contradiction ». Ceci est juste, mais cela prouve seulement que le principe de contradiction est le fondement des jugements analytiques négatifs. Il faut chercher ailleurs celui des jugements analytiques affirmatifs, probablement dans le principe d’identité. Enfin, dans sa Logique, Introduction, § VII (1800), Kant admet trois principes logiques : le principe d’identité ou de contradiction, fondement des jugements problématiques ; le principe de raison suffisante, fondement des jugements assertoriques ; et le principe du tiers exclu, fondement des jugements apodictiques. Ainsi il considérait alors le principe de raison comme analytique, tandis que dans les Prolégomènes, § 4 (1783), il le qualifie de synthétique. Il est difficile, il faut l’avouer, de varier plus souvent et plus complètement sur une question aussi fondamentale.

Il est probable que dans la Critique Kant identifiait le principe d’identité au principe de contradiction : d’ailleurs, il confond assez souvent les jugements analytiques avec les jugements identiques, et les appelle du même nom. Les [245]