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imiter partout leur bienfaisance. Quelle est la raison spéciale pour laquelle votre bonté s’étend jusqu’aux animaux, et votre action n’atteint pas vos sujets ? On connaît le poids d’un objet en le pesant, et sa longueur en le mesurant. Il en est ainsi pour toute chose ; mais il importe surtout de peser les sentiments de notre cœur. Prince, examinez, je vous prie, s’il est juste d’aimer les animaux plus que vos sujets.

« D’un autre côté, vous entreprenez des guerres ; vous mettez en péril la vie des chefs et des soldats, vous vous attirez l’inimitié des princes. Votre cœur y trouve t il la joie ? » « Non, dit le prince. Comment pourrais je y mettre mon plaisir ? Je m’en sers seulement pour arriver au terme de mon grand désir. » « Prince, demanda Meng tzeu, pourrais-je savoir quel est votre grand désir ? » Le roi sourit et garda le silence. Meng tzeu reprit : « Est ce que vous n’auriez pas assez de viandes succulentes ni de mets savoureux pour satisfaire votre palais, assez de vêtements à la fois légers et chauds pour couvrir votre corps ; ou bien, est ce que vous n’auriez pas assez de belles choses pour réjouir vos