parvint à gagner le dessert. Il fut à peine servi que, se voyant seuls, il se leva avec feu, et se mettant aux genoux de Zulica :
— « Vous m’aimez ? lui dit-il.
— « Eh ! ne vous l’ai-je pas assez dit ? répondit-elle languissamment.
— « Ciel ! s’écria-t-il en se relevant, et en la prenant dans ses bras, puis-je trop vous l’entendre dire, et pouvez-vous trop me le prouver ?
— « Ah ! Nassès ! répondit-elle, en se laissant aller sur lui, et sur moi, quel usage faites-vous de ma faiblesse ! »
— Eh ! que diable, dit le Sultan, voulait-elle donc qu’il en fît ? Ceci n’est pas mauvais ! Elle aurait, je crois, été bien fâchée qu’il l’eût laissée plus tranquille. Non ! les femmes sont d’une singularité… bien singulière ! Elles ne savent jamais ce qu’elles veulent. On ignore toujours comme on est avec elles…
— Quelle colère ! interrompit la Sultane ; quel torrent d’épigrammes ! Que vous avons-nous donc fait ?
— Non, dit le Sultan, c’est sans colère que je dis tout cela. Est-ce que pour trouver les femmes ridicules, on a besoin d’être fâché contre elles ?
— Vous êtes d’une causticité sans exemple, lui dit la Sultane ; et je crains bien que, vous qui haïssez tant les beaux esprits, vous n’en deveniez un incessamment.