Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/206

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qu’elle se perdît. Soit qu’elle jouât tous ces mouvemens pour se réhabiliter un peu dans mon esprit, ou, ce que j’ai plus de peine à croire, qu’elle fût véritablement fâchée, je fus encore fort long-tems sans pouvoir parvenir à la calmer. Enfin, quand elle fut lasse de feindre de la colère, ou d’en avoir, elle me dit qu’elle voyoit bien quel étoit mon projet ; que le desir de l’outrager encore avoit beaucoup plus de part à l’envie que j’avois de descendre avec elle, que le desir de ménager sa réputation ; mais qu’elle sçauroit se dérober à mes insolentes entreprises, & qu’elle ne me parleroit qu’en présence de ses femmes. Eh bien ! Madame, lui répondis-je d’un ton ferme, j’aurai donc le plaisir de les avoir pour témoins de tous les transports que vous m’inspirez. Quoique cette courte réponse & la fermeté de mon ton lui imposassent, elle chercha, mais vainement, à me dérober la peur que je lui faisois, & elle me répondit courageusement : Nous verrons ! Eh bien ! Madame,