Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/71

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simple politesse. Enfin un mois après, je la trouvai à un souper que Valere nous donnoit à sa petite maison. Luscinde, elle, Julie, une petite Provinciale, parente de Luscinde, étoient les femmes. Les hommes étoient Valere, Oronte, Philinte, & moi. Le souper fut, on ne peut pas plus fou. Lorsqu’il fut fini, chacun de nous s’écarta. Nous nous partageâmes le jardin. Araminte, qui, pendant le souper, s’étoit ressouvenue de m’avoir vû quelque part, & m’avoit fait d’assez tendres agaceries, me dit, quand nous fumes seuls, qu’elle avoit une grande nouvelle à m’apprendre, qu’il lui étoit arrivé un grand bonheur. Je devinai aisément ce qu’elle vouloit me dire, & mon premier mouvement fut de l’en croire sur sa parole ; mais nous étions seuls : j’avois soupé ; je me souvins qu’il n’y avoit rien sur quoi elle méritât d’être crue, & je voulus voir si elle me disoit vrai. Croiriez-vous bien, madame, qu’elle m’avoit menti ?