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journal du siège de paris.

les force à ajourner la guerre contre le bourgeois. Vienne le jour de la délivrance, toutes les mauvaises passions refoulées au fond du cœur des socialistes pendant l’investissement de Paris, éclateront avec la fureur des plus mauvais jours de la première révolution. Savez-vous qui les ultra-radicaux de Belleville voulaient élire pour la constituante ? L’ouvrier Mégy, celui qui a été condamné à vingt ans de travaux forcés pour meurtre d’un agent de police, et Eudes,[1] condamné à mort pour assassinat du pompier de la Villette. D’après les hommes de l’avenir, il suffit, pour acquérir d’un seul coup les connaissances et les talents nécessaires à un législateur, de tuer un serviteur du tyran. À ce compte-là, l’homme qui assassine une douzaine de sergents de ville et autant de pompiers, en criant : Vive la république ! devra être le plus grand génie du siècle, puisque Mégy, qui n’a brûlé la cervelle qu’à un seul agent de police, est, pour ce fait, porté à la députation nationale. En voyant toutes les folies du régime qui a pris pour devise : liberté, égalité, fraternité, on se prend à soupirer après le gouvernement du grand Turc. — Rien en dehors des fortifications aujourd’hui : de temps en temps on tire quelques coups de canon sur les corps de cavalerie prussienne qui s’aventurent trop près des forts, mais il n’y a pas d’engagements. L’investissement est complet. Impossible de sortir de la ligne des forts. Les courriers d’ambassade sont bloqués comme tout le monde. Il n’y a pas

  1. Ces deux martyrs avaient été mis en liberté le 5 septembre.