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journal du siège de paris.

de Nogent a renversé, à une distance de cinq kilomètres (1¼ lieue), deux batteries ennemies et tué plus de 300 soldats du vieux Guillaume. Vendredi dernier, deux régiments badois, au quartier général ennemi, à Versailles, ont refusé de marcher en avant, en donnant pour raison de leur refus que les soldats prussiens restaient toujours dans la réserve, tandis que les Badois et les Bavarois étaient constamment envoyés au feu. Samedi, vingt-quatre sous-officiers et soldats de ces deux régiments ont été fusillés sur la route de Satory. Tous ces malheureux pays, le duché de Bade, la Bavière, le Wurtemberg, le Hanovre, annexés à la Prusse par la politique violente de Bismark, commencent à s’apercevoir que leurs maîtres de Berlin ne voient en eux que de la chair à canon, et qu’ils travaillent non pas pour leur patrie, mais pour le roi de Prusse. On s’attend toujours à une attaque du côté d’Auteuil en même temps que par Saint-Denis. La défense sur ces deux points est formidable et toutes les probabilités sont que les Germains en seront pour leurs frais d’attaque. Bien que l’on ne s’attende pas à un bombardement immédiat, cependant, comme il faut être prêt pour toutes les éventualités, on dépave les places du quartier latin afin d’amortir l’effet des bombes qui pourraient être lancées par l’armée assiégeante. Le gouvernement vient de décréter la liberté du colportage. Sous le règne du tyran, on ne pouvait vendre dans les foires et dans les campagnes que les livres et gravures revêtus de l’estampille de la police. Vous