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journal du siège de paris.

timbres-poste à l’effigie de la République. Les journaux écarlates avaient des colères bleues, au moins quatre fois par semaine, en voyant la figure du tyran continuer à régner sur les timbres. Si ces purs ont une si grande haine pour l’homme du 2 décembre, pourquoi ne refusent-ils pas toutes les pièces d’or et d’argent qui sont à l’effigie de Napoléon III ? Pour être logiques, ils ne devraient accepter que les billets de la banque de France. Comme l’agio sur l’or est de 3 fr. par 1, 000 fr., soyez sûrs que la haine du tyran ne s’élèvera jamais à ce chiffre de 3 fr. de perte. Des rumeurs, il en pleut. L’armée qui assiégeait Strasbourg marcherait sur Lyon. Le comte de Kératry, qui a fait ses preuves de capacité militaire dans la campagne du Mexique, serait appelé à un poste éminent dans l’armée active. Les d’Orléans, avec 40,000,000 de francs en poche, seraient à la tête de l’armée de 150,000 hommes formée à Rouen, qui marche en ce moment au secours de la capitale. Le général Burnside est reparti ce matin. On prétend qu’il était chargé par Bismark de sonder le terrain à propos d’un armistice. Voici ce qu’aurait proposé le chancelier fédéral. Armistice de vingt jours pour permettre à la France d’élire une constituante qui traiterait de la paix avec l’Allemagne. Bismark, effrayé de la levée en masse de la France et de la dissolution imminente de tout ce qui n’est pas prussien dans l’armée allemande, voudrait éviter les dangers d’un hiver à passer sous les murs de Paris. Jules Favre ayant demandé que Metz et la capitale puissent