Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/87

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Cornarino.

J’ai entendu lire bien des arrêts de mort dans ma vie, mais jamais avec une pareille émotion.

L’huissier, durement.

Silence !

Le chef des Dix, rêveur.

Quand on a tourné le dernier feuillet de son existence, y a-t-il un second volume ?… cruelle incertitude ! Le doute, toujours le doute !…

Malatromba, au Chef des Dix.

L’arrêt ! l’arrêt !

Le chef des Dix, se levant.

C’est juste ! De quoi parlait-on ? (Il trouve sous sa main la lettre de Paolo Broggino.) Qu’est-ce que c’est que cela ? Ah ! cette lettre que je devrais peut-être lire…

Tous les conseillers.

L’arrêt, l’arrêt d’abord…

[1] Le chef des Dix.

Enfin, je la lirai après. (à Cornarino.) Cornarino, mon cher ami, vous vous êtes laissé battre honteusement…

Cornarino, se récriant.

Oh ! ne revenons pas là-dessus…

Le chef des Dix.

Mon ami, je suis fâché de vous le dire… honteusement… Et le Conseil, à l’unanimité… (Paillumido lui parle bas.) plus une voix… vient de vous condamner au trépas !

  1. Baptiste, le Conseil, Cornarino, l’Huissier.