Page:Crémieux et Halévy - Le Roman comique, 1862.djvu/66

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Scène PREMIÈRE.

CLÉOPATRE, L’ESCLAVE.
LA JEUNE ESCLAVE, se levant.
–––––––––Aimons, noble reine ;
––––––––––Point de souci
–––––––––––Ni de peine !
–––––––––Aimons, noble reine !
––––––––––Vénus, ici,
–––––––––Vit en souveraine.
––––––––Déesse de Cythère,
––––––––Quitte ces lieux chéris,
––––––––Viens parmi nous, ô mère
––––––––Des grâces et des ris !
–––––––––Aimons, etc.
CLÉOPATRE, se levant.
––Moi, je suis Cléopâtre, une reine connue
––Par son esprit charmant et sa grâce ingénue ;
––Quelques historiens égarés vous diront
––Que j’ai teint dans le sang la pourpre de mon front ;
––Que, livrant au hasard une vie inégale,
––Je n’eus point une idée assez nette en morale.
––Laissez-les dire, allez, qu’ils passent leur chemin
––Est-ce ma faute, à moi, si j’aime le Romain ?
LA CAVERNE, de sa place, se laissant entraîner.

Mal dit ! mal dit ! ce n’est pas ça ! On dit : Est-ce ma faute, à moi, si j’aime le Romain ?

LA BAGUENAUDIÈRE, la faisant asseoir.

Voulez-vous bien, malheureuse !…

LA RAGOTINIÈRE, de sa place.

Bravo ! bravo !… quel talent !… (La Caverne lui répond de sa place par des baisers.)

L’AUBÉPIN.

Ne bougez pas sans qu’on vous le dise.

LE GRAND GOBELETIER, dans sa loge.

Elle parait fort lestrée la jeune fille… Elle desclame lat tragesdie…

CLÉOPATRE, chantant.
I
––––––––Marc-Antoine m’abandonne,
––––––––Je ne cours pas après lui ;
––––––––Son excuse est trop bonne,
––––––––Il quitte la vie aussi.