Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/141

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de reconnaissance, de joie et de délivrance, — je choisis :

Quand chez les débauchés l’aube blanche et vermeille

Entre en société de l’idéal songeur,

Par l’opération d’un mystère vengeur

Dans la brute assoupie un Ange se réveille (i).

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,

David mourant aurait demandé la santé

Aux émanations de ton corps enchanté ;

Mais de toi je n’implore, Ange, que tes prières,

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières (2).

Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges, Rien ne vaut la douceur de son autorité ; Sa chair spirituelle a le parfum des Anges, Et son œil nous revêt d’un habit de clarté (3).


Il eût fallu vraiment que M mc Sabatier n’eût ni cœur, ni esprit pour ne pas s’émouvoir d’un culte qui la célébrait avec tant de constance et si magnifiquement. Comment Baudelaire fut invité à lever le masque, il nous l’apprend lui-même :

« Ah ! le petit monstre ! elle m’a glacé, un jour que, nou s étant rencontrés, elle partit d’un grand éclat de rire à ma face, et me dit : Etes-vous toujours amoureux de ma sœur et lui écrivez-vous toujours de superbes lettres"} » (18 août 1857.}

Baudelaire n’avait jamais cessé de fréquenter au salon de la rue Frochot, et ce serait faire injure à la

(1) V ’Aube spirituelle .

(2) Réversibilité.

(3) Que diras-tu ce soir, pauvre drue solitaire ?