Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/171

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Asselincau a raconté l’accueil que reçut Baudelaire dans sa tournée de visites obligées.

« Il alla voir ML de Lamartine, qui l’accueillit très bien ; IL de Sacy, toujours bienveillant ; M. Villemain, qui le reçut avec hauteur ; M. Viennet et quelques autres. Il nous rapportait de quelques-unes de ces audiences des récits, des mots a mourir de rire, telle, par exemple, celte définition devenue fameuse, que lui avait formulée M. Yiennet : « 11 n’y a que cinq genres, mon« sieur : la tragédie, la comédie, la poésie épique, la satire… et « la poésie fugitive qui comprend la fable, où /excelle. »

La Revue anecdotique, de son côté, donna de piquants détails sur les dispositions fort diverses que montrèrent au téméraire candidat ceux dont il ambitionnait de devenir le collègue :

» M. Baudelaire a fait la plupart de s8s visites, mais il ne raconte guère que sa visite à M. Villemain. Ce n’a pas été, à proprement parler, une visite, mais plutôt une rencontre, et une rencontre assez vive.

« On n’a jamais dit que M. Villemain fut tout aimable ; mais la mauvaise grâce se complique encore, chez le secrétaire perpétuel, de l’appréhension que le candidat au siège vacant n’entre avec l’arrière-désir de voir prochainement vaquer le sien propre. Ce doute est partagé par M. Viennet, qui, tout en se jurant in petto un Seclet œternumque sedebit, n’oublie jamais de reconduire ]p visiteur avec cette phrase sacramentelle : « Vous n’attendrez pas longtemps mon fauteuil, monsieur, vous ne l’attendrez pas longtemps. »

« Deux attaques de M. Villemain, avec les ripostes de M. Baudelaire, donneront aux curieux le Ion du dialogue de ces messieurs :

Il faut croire que ce n’était pas « trop fantastique pour être possible », car Baudelaire ne put rencontrer ni Ponsard, pour lequel il avait demandé une lettre d’introduction à Asselincau, ni Saint-Marc Girardin, ni Legouvé.