Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/173

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Puis, passant à l’examen des titres des divers candidats et arrivant à l’auteur des Fleurs du mal, il rendit justice à l’originalité de son talent (louange précieuse entre toutes pour Baudelaire’, sans quitter toutefois le ton d’apologie dont il croyait ne pouvoir se dispenser en parlant des Fleurs du mal au public. On sait la métaphore restée célèbre qu’il trouva pour le livre tant attaqué :

« Ce singulier kiosque, fait en marqueterie d’une originalité concertée et composite, qui, depuis quelque temps, attire les regards à la pointe extrême du Kamtschatka romantique, j’appelle cela la folie Baudelaire. »

De plus, Sainte-Beuve prit soin de défendre la personne même du poète, en protestant contre l’absurde légende qui calomniait ses manières et son savoirvivre :

« Ce qui est certain, c’est que M. Baudelaire gagne à être vu ; que là où l’on s’attendait à voir entrer un homme étrange, excentrique, on se trouve en présence d’un candidat poli, respectueux, exemplaire, d’un gentil garçon, fin de langage et tout à fait classique dans les formes. »

Ravi de l’assistance que lui prêtait son puissant ami, Baudelaire s’empressa de lui écrire avec une véritable effusion de reconnaissance. Mais, dans le même billet (i),

~(i) Non content de sa lettre, Baudelaire s’était ingénié à témoigner encore sa reconnaissance à son protecteur en lui rendant publiquement ses éloges. La Revue anecdotique (n° du i5 janvier 18G2) avait publié sur l’article, Des prochaines élections de l’Académie, ces lignes sans signature :

« Tout l’article est un chef-d’œuvre plein de bonne