Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trines d’absolutiste, ses goûts d’artistes. Les lettres à M. \ncelle ne tarissent pas en plaintes à ce sujet (i). Tout lui déplaît, tout lui est odieux. La délicatesse de ses sens est froissée, révoltée par tout ce qu’il voit, par tout ce qu’il entend. Il ne peut sortir dans la rue sans remarquer la laideur de la population. Son odorat dont il a constaté la sensibilité par ces lignes célèbres d’un de ses poèmes en prose : Mon âme voltige sur les parfums, comme l’âme des autres hommes voltige sur la musique, endure un réel supplice dans une ville dont il ne cesse d’accuser « la puanteur «.d’est là un de ses griefs capitaux contre Bruxelles. La propreté flamande, si fameuse, ne serait, selon lui, qu’illusoire et mensongère.

Son dégoût va jusqu’à la colère, et la colère jusqu’à l’exaspération. D’autre part, sa santé empire sans re (i) Le livre inachevé sur la Belgique confirme, en les répétant sous une autre forme, les plaintes de la correspondance. Asselineau, qui en a donné un résumé fidèle, mais incomplet (p. 89-90), avait, comme éditeur du poète, déclaré « ces notes inimprimables à cause de leur concision rudimentaire et de la fréquente crudité d’expression ». Deux fragments en ont pourtant paru, un dans la Revue d’Aujourd hui (i5 mars 1890), sous ce titre : Argument du livre sur la Belgique, l’autre dans l’ouvrage de M. Eugène Crépet, qui avait choisi une rubrique anodine entre tous les titres injurieux que Baudelaire avait répétés sur une feuille volante, et dont Asselineau donne l’énumération complète : Pauvre Belgique ! la Grotesque Belgique, la Belgique toute nue, la Belgique déshabillée, une * Capitale pour rire, la Capitale des Singes, une Capitale de singes. Le lecteur les trouvera reproduits dans les OEuvres Posthumes que prépare le Mercure de France.