Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/192

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s’obstine dans sa solitude volontaire. Il écrit à M. \ncelle :

qu’avait vouée Baudelaire à tout ce qui se réclamait du progrès.

Puis, dès toujours, en Hugo, il avait séparé le poète de l’homme. S’il admirait le génie, il goûtait peu le caractère. Sa correspondance est plus qu’explicite à cet égard. Et il faut croire que l’antipathie qu’il portait à son maître et dieu était bien vive, car toutes les grâces dont se parait pour le feter la petite maison de la rue de l’Astronomie, n’en purent triompher.

M. Frédérix, d’ailleurs, qui dina souvent avec Baudelaire chez M rae Victor Hugo, a noté l’attitude qu’y gardait le poète des Fleurs :

« …Baudelaire ne parlait guère qu’à M me Victor Hugo en cette maison charmante ; la verve éclatante de Charles Hugo ne lui plaisait pas, visiblement ; et la conversation un peu sèche de François— Victor l’intéressait peu. Mais auprès de M me Victor Hugo, il paraissait trouver contentement, confiance, goûter à son prix cette hospitalité chaude… Il ne causait jamais avec deux ou trois jeunes femmes, d’assez bonne mine et d’assez vif esprit, qu’il rencontrait là… Il gardait ses lèvres pincées, son regard aigu, sa dédaigneuse politesse, soigné de sa personne, net et muet.

« Son Avagnérisme avait parfois satisfaction en cette maison, où la musique était peu prisée. Car Victor Hugo, qui a parlé puissamment de Beethoven dans son William Shakespeare, était peu accessible à la musique… Mais la jeune Madame Charles Hugo — la jeunesse ne doute de rien — avait hardiment apporté son piano, un petit piano d’Erard, dans son nouveau logis, et Baudelaire, sans souci de l’ennui probable de ses hôtes, disait parfois, après le dîner, à un ami de la famille Hugo, lequel avait lu et retenu le Tannhauser : « Allons, quelques nobles accords de