Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/211

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«… Quand je pense que, dans ce chien de pays, je n’ai trouvé que vol, mensonge, pertes forcées d’argent, et que, par surcroît, la Belgique ne m’aura servi qu’à rendre toutes mes affaires à Paris plus difficiles, je suis pris d’une sorte de fureur… L’attente de vos réponses me cause une agitation qui m’empêche complètement de travailler. »

Il contremande toutes négociations, résolu à agir en personne : « Contre vent et marée j’irai à Paris le 10 mars… »

Le i5 mars arrive sans que Baudelaire ait quitté Bruxelles. Ne recevant aucune nouvelle, M. Àncelle s’inquiète vivement de ce long silence, si contraire aux habitudes de son ami ; il en demande la cause, et il reçoit le 3o mars, une réponse, qui explique pourquoi le poète a renoncé au voyage projeté :

m i° Je ne peux pas bouger ; 2 j’ai des dettes ; 3° j’ai, pour finir mon travail, cinq ou six villes à visiter. »

Et ce billet, qui n’est plus rempli que de détails d’affaires, se termine par cette ligne alarmante :

ce Excusez mon style écourté, j’emprunte la plume d’un autre. »

En effet depuis douze jours, Baudelaire gardait le lit, terrassé par une crise plus violente que toutes les précédentes.

Au commencement de mars 1866, le beau-père de son ami, M. Rops, l’avait invité à venir passer quelques jours chez lui, à Namur. Baudelaire, dans un sommaire de son livre sur la Belgique, excepte nommément de la haine générale qu’il avait vouée aux indigènes, « ce magistrat sévère et jovial, grand chasseur, ia seul homme de Belgique sachant le latin et