Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/311

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sation fut longue et drôle. Nadar et Baudelaire s’engagèrent sur la politique et sur J. de Maistre (que Nadar, par parenthèse, avouait n’avoir pas lu). « Mais, disait-il, dans le monde où je vis, on sait toujours ce que c’est que J. de Maistre ! » — Baudelaire, couché sur le divan (c’était rue La Rochefoucauld), se dressa sur ses poings et médusa Nadar par ce mot terrible : u As— tu lu la réfutation du système de Locke ? — Non, dit Nadar, embarrassé. — Eh bien, alors ! »… dit Baudelaire en se recouchant le dos tourné. Je le revis encore assez souvent chez Nadar et aux Vendredis de Murger. Il donna quelques articles au Magasin des familles de Léo Lespès et au Monde littéraire, journal de trois mois dirigé par Babou. Vers la même année (5i), Monselet fonda chez Giraud et Dagneau, éditeurs, rue Vi vienne, la Semaine théâtrale, feuille de chou qui eut 9 numéros. Baudelaire y donna les drames et les romans (la critique) Y Ecole païenne et les Deux Crépuscules. Précédemment, la Revue politique dirigée par Amail lui avait refusé des poésies. Il en revint très irrité. M. Amail, saint-simonien et républicain vertueux, lui avait dit en lui rendant son manuscrit : « Nous n’imprimons pas de ces fantaisies-là, nous autres. » Le premier travail de Baudelaire sur Edgar Poe (Poe, sa vie et ses œuvres) parut dans la nouvelle Revue de Paris. Il entra à cette occasion en relations avec Maxime du Camp que, dès la première entrevue, il crut avoir gagné, séduit, maîtrisé. C’était de ses illusions. Il se trouva au contraire que, par une confidence maladroite, il s’aliéna le nerveux jeune homme qui se plaignit de lui à un tiers. Leurs premiers rapports