Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/327

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Il a tenu même., pour répondre à certaines perfidies (i), à faire dans un journal un compte rendu de ces mêmes Misérables dans lequel il a montré toute sa dextérité ; car, au fond, le livre, avec ses énormités morales, ses paradoxes de plomb, l’agaçait profondément. Il avait horreur de la fausse sensibilité, des criminels vertueux et des filles publiques angéliques. Il l’a assez dit. Quand il tombait sur un raisonnement de cette sorte, il l’effondrait par une crudité brutale.

Un jour on louait devant Théophile Gautier certaines pièces des Emaux et Camées, entre autres des Etudes de mains, dont on citait ce quatrain :

Et tenu, courtisane ou reine, Entre ses doigts si bien sculptés, Le sceptre de la souveraine Ou le sceptre des voluptés.

(( — Ah ! dit un malin (mais il fallait entendre Baudelaire accentuer ce mot, où il mettait un mépris amer), le sceptre des voluptés, nous savons ce que c’est ! Oui, le sceptre des voluptés, elle a dû le tenir et le manier, etc. »

Et Gautier souriait par condescendance — coupable, selon Baudelaire.

— « Mais alors, dit Baudelaire, en avançant le nez d’un air de chattemite, ce n’est pas bien ce que tu as mis là. J’aimerais mieux que tu aies mis : « A-t-elle empoigné beaucoup de P »

(i) Allusion à l’article de Jean Rousseau qui, dans le Figaro du n juin i858, l’avait accusé d’avoir dit en plein divan Lepelletier : « Hugo, qu’est-ce que cela ? »