Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/400

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» Quant à la forme, je me montrerai plus disposé à la louer. \on pas que le dialogue étincelle de traits philosophiques, satiriques ou comiques ; mais à défaut de ces qualités précieuses, le style a une allure vive, animée, pressée d’aller au but, ce qui ne manque pas de charme pour nous autres Français, toujours si affairés quand nous écoutons, et si disposés à tenir en grande estime la brièveté de ceux qui nous parlent.

» Voilà une opinion sur l’œuvre dans son application à la scène française en général ; en ce qui concerne la Gaîté, en particulier, permettez-moi de vous déclarer que nous ferions une bien triste, bien déplorable épreuve, si nous soumettions à ce public l’œuvre de Diderot.

» Oh î Monsieur, venez-vous si peu dans notre théâtre que vous ayez pu vous faire un seul instant d’illusion sur ce point !

» Je n’entreprendrai pas de vous décrire l’esthétique de notre genre. Qu’il me suffise de vous affirmer que je fais fausse route toutes les fois que je ne me borne pas purement et simplement à être le continuateur (je dis continuateur et non imitateur) des Pixérécourt, Gaignez, etc.

,) Toutes les tentatives engagées par moi, en dehors de ce genre, m’ont été nuisibles ou funestes.

) Maintenant, est-ce un bien, est-ce un mal qu’il en soit ainsi ?

» Au premier abord, on regrette le résultat ; à une seconde réflexion, on s’en console.

» En effet, si le mouvement littéraire procédait de bas en haut, c’est-à dire de la Gaîté à la ComédieFrançaise, le progrès deviendrait bientôt impossible.