Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/436

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En musique, chacun, ici, a son adoration ; dame ! je fais ce que je peux : à Manel, il faut Haydn ; Beethoven à Bracquemond ; Hœndel à Champfleury ; Fantin lui-même a son Dieu : Schamann. Venez, et je joue Wagner (i).

» J’ai fait connaissance avec deux femmes qui vous regrettent. J’ai trouvé l’une, jolie, l’autre conquérante, toutes deux bêtes diversement ; mais, il est convenu que les femmes n’ont pas, et ne doivent pas avoir d’esprit. La Japonaise du pays latin voudrait bien vous rendre ce que vous lui avez confié. La commandante fait présenter les armes à son mari, chaque fois qu’on prononce votre nom. Je l’ai vue, le jeudi soir, chez la mère Manet qui, elle aussi, a des regrets pour vous.

» Que puis-je encore vous dire, pour que vous •compreniez combien il est indispensable que vous arriviez ? — Ah ! j’allais oublier une grave question que seul, vous saurez décider. Faut-il que je reprenne mes bandeaux, ou dois-je persister dans certaine coiffure que j’essaie, peut-être en souvenir de vous ? Une manière de cheveux relevés, en coques, sur le sommet de la tête, avec des boucles qui descendent vers le front, laissant les oreilles et la nuque à découvert.

» Et ma robe Robin des bois, garnie de cornalines, sans le plus petit pli sur les hanches ! Et ma robe de taffetas vers, à l habit d’incroyable, et celle de i5/i6

(i) Baudelaire ne devait jamais retourner chez M mc Meurice. Mais, quand on le ramena, mourant, à Paris, M’ ’" Meuricc alla à lui ; et, pour distraire sa lente agonie, elle lui « jouait Wagner ».