Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/476

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conscience faites l’horrifiant malheur qui avait dû arriver dans l’éternité, au petit bonhomme infernal, et il ne déchargea pas de malédictions nouvelles sur son mélancolique et monstrueux visiteur. Il lui demanda, ne voulant pas être en retard avec un pareil personnage, s’il pouvait, à son tour, lui être quelque peu utile ou même agréable. Il insista, en voyant le pauvre démon secouer tristement ce qui lui servait de tête. — Eh bien, dit celui-ci, puisque vous me proposez, je vous dirais que vous pouvez me faire du bien. — Et comment ? dit le moine. — Ah ! dit le démon, vous êtes bien le maître de faire bâtir un clocher ici ? — Oui, dit le moine. — Alors faites bâtir un clocher avec une grande cloche, et puis faites-la aller la nuit, quand vous pourrez. — Pourquoi ? dit le moine inquiet. — J’aime les cloches… le son des cloches… les belles cloches…

» N’est-ce pas qu’elle est belle ? Mais, dame, je n’ai fait que des phrases où vous feriez de la pure beauté, vous. Enfin, je vous l’offre, si elle peut vous sembler possible.

» Je termine en attendant une prochaine lettre, en vous recommandant deux livres :

» La Mystique de Gorres, 5 vol. in-8 (divine, naturelle, diabolique , édit. Poussielgue, rue Saint-Sulpice, trad. de l’allemand par Sainte-Foy.

» Et La Vie de Jésus-Christ, par le docteur Sepp, 2 vol. in-8, même trad., même lib., année 1860 ou 59. Si vous ne les connaissez pas, cela vous fera peutêtre plaisir. C’est très curieux.

» A. Villiers de l’Isle-Adam [1]. »
  1. Lettres publiées par la Nouvelle Revue, n° du 15 août 1903.