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PONTUS DE TYARD

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1521 — 1603



Est-ce une apparition fantastique, une fiction poétique, que cet astre de la Pléiade de Ronsard ? son éclat serait-il pareil à celui de ces étoiles filantes que le même regard voit briller et s’éteindre ? Sa renommée ne serait-elle qu’une de ces trompettes complaisantes que le moindre souffle de la fortune fait résonner ?

Nous serions tenté de répondre affirmativement à ces questions si notre respect filial pour le grand siècle de la Renaissance ne nous imposait le devoir d’y regarder à deux fois avant de nous inscrire en faux contre le témoignage d’une génération tout entière. Nous ne pouvons jeter dédaigneusement au panier, sans les feuilleter, des livres dont faisaient leurs délices des hommes qui par leurs écrits, éprouvés au creuset du temps, charment encore nos loisirs. Ces poètes, dans lesquels Amyot, Montaigne, De Thou, Dorat, le maître de Ronsard, Muret, son commentateur, et Binet, son biographe, voyaient les rivaux des plus fameux poëtes de l’antiquité, méritent, ce nous semble, un regard attentif et curieux de notre part.

Le moment est venu de la lumière et de la vérité pour tous, depuis qu’un éminent critique, savant sans pédantisme, bienveillant sans faiblesse, sévère sans cesser d’être équitable, a placé sous les yeux des amis des lettres les titres oubliés des poëtes du xvie siècle. M. Sainte-Beuve, en signalant les richesses littéraires enfouies dans les livres poudreux et dédaignés de cette époque, a

  1. Nous croyons devoir déroger ici, par exception, à l’ordre chronologique rigoureusement suivi par nous, à partir de ce second volume. Nous avons voulu laisser Ronsard ouvrir la marche dans le glorieux défilé des poëtes de la seconde moitié du xvie siècle. Pontus de Tyard, comme membre de la Pléiade, ne pouvait venir qu’à la suite de celui qui en fut le prince et le chef. (Note de l’éditeur.)