Page:Crépet - Les Poëtes français, t2, 1861.djvu/502

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Qu’il semblait qu’elle seule éclairait l’univers,
Et remplissait de feux la rive orientale.
Le soleil, se hâtant pour la gloire des cieux,
Vint opposer sa flamme à l’éclat de ses yeux,
Et prit tous les rayons dont l’Olympe se dore.
L’onde, la terre, et l’air s’allumaient alentou,
Mais auprès de Philis on le prit pour l’aurore,
Et l’on crut que Philis était l’astre du jour.


IMPROMPTU
La reine Anne d’Autriche, rencontrant Voiture dans les jardins de Rueil, lui demanda à quoi il pensait ; le poëte lui répondit par les verssuivauts :


Je pensais que la destinée,
Après tant d’injustes malheurs ;
Vous a justement couronnée
De gloire, d’éclat et d’honneurs ;

Mais que vous étiez plus heureuse
Lorsque vous étiez autrefois…
Je ne veux pas dire amoureuse,
La rime le veut toutefois.

Je pensais (nous autres poètes
Nous pensons extravagamment)
Ce que, dans l’humeur où vous êtes,
Vous feriez, si, dans ce moment,

Vous avisiez dans cette place
Venir le duc de Buckinghan,
Et lequel serait en disgrâce
Du duc ou du père Vincent.