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AVIS DE L’ÉDITEUR.

avec laquelle Madame la marquise de Créquy vient de me recevoir, ou de m’accueillir, pour mieux dire. J’ai trouvé cette femme célèbre entourée de si grands personnages que je n’ai pu trouver le moment de lui présenter ma requête ; mais elle a bien voulu me faire inviter à dîner pour jeudi prochain, et vous imaginez bien que je ne l’oublierai pas. J’ai trouvé à l’hôtel de Créquy Monseigneur le duc de Penthièvre et Madame la princesse de Conti, ce qui m’a prodigieusement embarrassé, parce que j’ignorais tout-à-fait comment il fallait se comporter à côté des princes et princesses du sang. La maîtresse de la maison s’est peut-être aperçue de mon inquiétude ; et, quoiqu’il en soit, elle m’a tout de suite tiré d’embarras, en disant à son valet de chambre, à haute voix, mais sans aucun air d’intention marquée : Donnez un fauteuil à M. l’abbé Delille. Vous avez la bonté de trouver que j’entends les choses à demi-mot, et j’espère que je n’aurai fait aucune gaucherie ; je suis véritablement émerveillé de Madame de Créquy. Elle est douée d’un esprit si vif et si piquant que je n’avais rien vu ni rêvé de semblable. Son jugement est solide et consciencieux sur tous les sujets. Elle est pourvue d’une faculté