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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

ronne de France et sous la direction du Cardinal Pamfili, neveu du Pape Innocent X et Prince romain. Les Cardinaux Origo, Sagripanti et Tanara, étaient les agens les plus actifs et les plus expérimentés de cette demi-faction qui finit par l’emporter dans le conclave, en y faisant élire un Romain, grand seigneur et Zelante Gallicano ; (sous toutes réserves de la déclaration du clergé de France touchant le temporel des Princes et l’infaillibilité des Papes, car on n’a jamais pu rien comprendre à Rome et nulle autre part à ces quatre propositions de Bossuet, dont la première est annulée par les trois autres.) Enfin c’était le Cardinal del Giudice, Archevêque de Montréal en Sicile et Doyen du Sacré-Collége, que les Cardinaux de la faction italienne avaient élu pour leur régulateur. C’étaient des nobles Vénitiens, Milanais et Génois ; des Cornaro, Barbarigo, Priuli, Spinola, Caprara, de Fiesque, e tutti quanti nobilissimi porporati.

Il me reste à vous dire à présent que tous ces Cardinaux romains, italiens, français, germains et castillans, zélés ou politiques, se trouvaient encore partagés, non pas en factions, ni par fractions pour cette fois-ci, mais par une autre division toute naturelle et toute chrétienne, en Cardinaux Papabili et Papegianti, c’est-à-dire papables et papifians. Les sujets les mieux connus alors pour être dignes de la tiare étaient les cardinaux romains Paulucci, Gualterio, Piazza, Conti, Légat du Pape à Ferrare, et Corradini, Préfet de la signature aux conciles. Le Cardinal Papegiante par éminence et non par excellence, attendu que la justice et la