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SOUVENIRS

ter là pour cette fois-ci. Je vous ai déjà dit que mon père était parti pour Venise avant la fin du Conclave, et comme il avait rempli la mission d’un gentilhomme et d’un chrétien, au lieu de remplir l’office d’un commissionnaire de M. le Duc d’Orléans et d’un mandataire de l’Abbé Dubois, il y trouva (c’est à Venise) ses lettres de rappel et de récréance que le favori du Régent avait eu la précaution de faire anti-dater, car il y avait toujours de la fourberie, de la faiblesse et de la lâcheté dans tous leurs actes de rouerie. Mon père alla tout aussitôt signifier son rappel à son bon ami le Duc de Venise, Jean-Marie Cornaro, qui nous avait fait inscrire au livre d’or, et qui avait été long-temps Ambassadeur en France ; enfin, mon père arriva joyeusement à Paris, où vous pouvez bien penser qu’il n’a jamais voulu remettre les pieds chez M. le Duc d’Orléans.

Il est douteux que l’ancien chargé d’affaires de France eût pu trouver dans tout le Sacré-Collège une seule oreille ouverte aux insinuations du Régent et de son protégé mais dans tous les cas, l’élection du Pape Innocent XIII aurait pleinement démontré l’inutilité de leurs intrigues.

Michele-Archangelo Conti, Prince des États Romains et du Saint-Empire, était issu de ces immenses et fameux Princes de Conti, Ducs de Toscanelle et de Pola, lesquels avaient déjà fourni cinq Papes et vingt-trois Cardinaux à l’église romaine. Il était le quatrième enfant du Prince Charles Conti, Duc de Guadagnole et Grand-Maître héréditaire du Palais-Apostolique. Sa mère était la sœur