Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

vêque de Tournay, qui n’est guère plus sage que vous. Ayez la bonté de ne jamais intervenir dans les choses de mon service, et soyez assuré que je ne vous laisserai pas plus vous mêler de la tutelle de mon fils que des affaires de mon écurie. M. le Chancelier vient d’écrire à l’intendant de votre province, à propos des assignations que vous m’envoyez, et j’espère que vous allez avoir la complaisance de me laisser tranquille[1]. »

Ce qu’il y a de curieux dans tout ceci, c’est que ce même cocher, prétendu gentilhomme et professeur en héraldique, lequel était si passionné pour le maintien des Honneurs du Louvre, et si pointilleux sur les prérogatives des Couronnes fermées, a fini par devenir un des plus enthousiastes révolutionnaires et des plus fameux orateurs de la section des Droits de l’Homme. Le citoyen Girard avait débuté dans le gouvernement républicain par être administrateur des subsistances, ensuite il devint président du comité des recherches, et finalement il était accusateur public au tribunal révolutionnaire en 93. J’ai vu dans les journaux qu’il avait été guillotiné comme orléaniste ou fédéraliste, je ne sais plus lequel des deux[2].

  1. Après la mort de M. de Canaples, on nous renvoya ses papiers de famille, où j’ai trouvé cette lettre, dont je n’aurais certainement pas eu l’intention ni l’attention de garder copie.
    (Note de l’Auteur.)
  2. Sulpice Girard, ancien commissaire aux subsistances de la commune de Paris, et Président du Comité révolutionnaire de Franciade, ci-devant Saint Denys. Guillotiné le 7 mars 1794.