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SOUVENIRS

manqua pas d’arriver à Mme de Mouchy qu’on ne voulut recevoir dans aucun couvent. Ce n’est pas qu’elle ne fût en état d’y payer une belle pension, car elle avait acquis aux dépens de Mme la Duchesse de Berry, et de compte fait avec M. de Riom, son complice, environ quatre-vingt mille livres de rente, en inscriptions sur différens états provinciaux, sur le clergé de France, et sur l’Hôtel-de-ville de Paris. Ils en étaient arrivés là par tous les moyens dont les chiens affamés, les renards et les loups dévorans peuvent être capables.

Marie-Louise d’Orléans mourut le 22 juillet 1719 au Pavillon de la Muette. À l’ouverture de son corps, on trouva qu’elle était grosse, et l’on ne put trouver aucun prélat qui voulût officier ni même assister à ses funérailles. Mme la Duchesse d’Orléans, à qui l’on ne disait pas grand’chose et qui ne devinait pas le reste, trouva fort mauvais et fort indécent qu’on ne se fût pas conformé à l’usage et qu’on n’eût pas fait proférer une Oraison funèbre ; mais le Régent, qui n’ignorait de rien, n’avait pas cette prétention-là pour madame sa fille, et je crois qu’il se trouva bien heureux de ce que les moines de Saint-Denis ne lui avaient pas refusé l’entrée du caveau royal.

Des quatre filles qui restèrent à M. le Duc d’Orléans, il y en eut une qui devint Duchesse de Modène, et qui voulait plaider contre son mari pour cause d’impuissance, et quoiqu’elle en eût plusieurs enfans, tandis que son mari la faisait poursuivre en supposition de paternité. Une autre a été Reine d’Espagne et presque aussitôt veuve que mariée. Elle ne voulait se montrer qu’en chemise, elle ne