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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.
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l’horrible accident dont j’ose à peine me retracer l’image et l’idée ? Ma seule consolation sera de contribuer à la vôtre autant que je le pourrai ; tout ce que j’ambitionnerais et ce que je désire, c’est d’adoucir, s’il est possible, un malheur que je me reproche et que je ressens, je vous l’assure, avec une amertume inexprimable. Puissiez-vous ne plus voir en moi que le tuteur de vos enfans et leur père adoptif ! »

Louis.


Mme votre mère pourra vous dire comment son oncle, le Marchéchal du Muy, ne put survivre à la perte d’un si bon maître, auprès duquel il est inhumé dans le sanctuaire de la cathédrale de Sens. Huc usque luctus meus, Ma douleur m’a conduit jusqu’ici, telle est la véridique et touchante inscription de cette noble tombe[1].

Le Dauphin, père de Louis XVI, avait eu la triste prévision des obstacles et des dangers qui devaient environner le trône de son fils, et l’on voit dans l’oraison funèbre du Maréchal du Muy, par l’Évêque de Sénez, qu’on avait trouvé la prière suivante écrite de la main de ce prince sur une page de son livre d’heures.

  1. « Ô mon Dieu protégez et conservez-nous votre Louis-Victor de Félix du Muy, Comte de Grignan, Maréchal de France, Ministre de la guerre, Menin de feu M. le Dauphin et Chevalier des ordres du Roi, né au Muy en 1711, mort à Versailles en 1775, avec la réputation du plus intègre des hommes et du ministre le plus judicieux.
    (Note de l’Aut.)