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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

phine, qui se mourait de douleur depuis que la maladie de son mari ne laissait aucune espérance, je m’étais levée pour aller parler à la Maréchale de Loëwendhal, et j’aperçus le Roi Louis XV qui restait immobile à la porte de la chambre, et qui tenait par la main le jeune Duc de Berry, fils aîné de son fils. Le petit Prince et son aïeul avaient les yeux attachés à terre, et la consternation se lisait sur le visage du Roi. Après avoir eu l’air de balancer pendant deux ou trois minutes, S. M. parut surmonter une hésitation douloureuse, et soupira profondément. — Annoncez, dit-elle à l’huissier, le Roi et Monsieur le Dauphin. Ce fut ainsi que j’appris la mort du Dauphin Louis IX, du nouveau saint Louis[1].

Bien que je ne m’applique et ne m’attache pas beaucoup à récolter et noter les bons mots des petits princes, je me souviens pourtant que j’entendis une autre fois, chez Madame la Dauphine, une conversation d’enfans, qui marquait très bien les caractères des trois fils de {{{{lié|M.|le Dauphin[2]. L’aîné, qui était naturellement judicieux, dit à son frère de Provence : — Voulez-vous jouer au jeu des définitions ? Qu’est-ce que c’est que le Diable ? — C’est le Démon, répondit l’autre. — Mais je ne vous de-

  1. M. de Penthièvre nous a dit hier, 11 mai 1774, que la Dauphine Marie-Antoinette d’Autriche venait d’annoncer à M. le Dauphin son mari la mort de Louis XV avec une délicatesse exquise. — Je viens recevoir, a-t-elle dit en entrant dans le grand cabinet, les ordres de Votre Majesté pour aller avec elle au château de Choisy.
    (Note de l’Auteur.)
  2. Louis}} XVI}}, Louis XVII et Charles X.
    (Note de l’Édit.)