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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

baye, où le gracié fut introduit à côté du Cardinal ; les bonnes gens se dispersèrent en criant Noël ! et les hommes d’armes se précipitèrent dans les montées du château, pour y dire les nouvelles de l’école[1].

Je ne vous raconterai certainement pas l’histoire amoureuse de Bienheuré de Musset, Châtelain des Mussets et Chevalier du Croissant Royal, avec Catherine de Lorraine de Guise, comtesse de Vendôme et Duchesse de Montpensier, laquelle estoit la fleur-de-Lys du mont pindaricque et la pluz saige Princesse de son temps, advant comme aprez la condampnation de son bienaymé, dont à laquelle il ne mourust pas, ainsi que l’observe Alain Simon en son Miroir des histoires. Autant voudrais-je écrire un roman de chevalerie, ce qui nous ennuierait tous les deux et ce qui m’a toujours paru du temps fort mal employé. Ne craignez pas non plus que je vous rapporte un interminable procès entre le Comte Louis de Vendôme, devenu Duc de Montpensier, et le Cardinal de Créquy ; procès qui n’a fini qu’à la mort de ce duc, après sa condamnation par la cour des Pairs, et moyennant le mariage de sa petite-nièce, Anne de Bourbon-Vendôme, avec

  1. On croit généralement que le Cardinal Henry Bourcier, titulaire de Saint-Eusèbe, est le dernier qui ait entrepris d’user de cet ancien privilége, que les Rois de France et les Parlemens s’accordaient pour accuser d’exorbitance et qualifier d’énormité. Celui-ci ne fut pas admis à l’exercice dudit privilége, attendu qu’il refusa de jurer qu’il s’était trouvé par hazard au coin dela rue Aux Ours à l’instaut du passage d’un condamné qui fut pendu à la croix du Trahoir. C’était un voleur sacrilége.
    (Note de l’Auteur.)