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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

avait nom Fontenay : cherchez dans les environs de Monlflaux.

Elle n’était pas de ces veuves qui rétablissent la fortune de leurs enfans pendant leur minorité ; car elle employait tout le revenu de son fils, dont elle avait la garde noble, à s’acheter des manteaux de lit en vilaines dentelles ainsi que des jupons roses, à l’imitation de Mme Malbroug. C’était des toilettes du Roman comique et du temps de Mesdemoiselles de Létoile et de La Caverne, avec des soieries déteintes et des pierreries en négligé de campagne, et quelles pierreries, mon bon Dieu ! des pointes de diamant de vitrier, culminant sur des topazes de Bohême, avec des enchâssures en argent noir et massif. Son équipage était à l’équipolant du reste, et quand son carrosse ne roulait pas, les poules y juchaient sans contestation. Un jour qu’il avait été passablement bien lavé par les eaux du ciel, mon fils lui demanda comment il se faisait qu’il y eût un chapeau de Protonotaire apostolique avec des cordelières autour de ses armes. — Nous allons satisfaire à la curiosité de M. le Marquis, et nous lui dirons que cet équipage nous est provenu d’héritage, ayant appartenu à feu M. notre oncle l’Abbé Mitré de St-Laud, dont il était le carrosse du corps. J’en ai fait effacer la crosse et la mitre (il y avait effectivement de vilaines taches noires en place de ces deux insignes) ; mais j’ai fait réserver cet ajustement du chapeau qui me semble agréable à voir… — Et vous avez toute raison, me dit le Chevalier, d’abord parce que c’est une marque d’illustration pour votre famille, et parce que tout le monde est en droit et liberté d’a-