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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Le Duc de Chartres en voulait peut-être à mon fils, à qui l’on attribuait la chanson suivante, et c’était bien injustement ; car elle était de ce petit M. de Champcenets ; et votre père qui savait chansonner jusqu’au vif aurait certainement fait beaucoup mieux :

« Chartres, de nos princes du sang
« Est le plus brave assurément !
« Après avoir bravé Neptune,
« Bravé l’opinion commune,
« Émule de monsieur Robert,
« Le voilà qui brave encore l’air.


    mais celle de vous punir ; cependant, je vous accorde votre demande et j’y fais droit, comme il est de justice entre gentilshommes. — Demain à huit heures, au Champ-de-Mars, à l’épée et en chemise. Il a relevé la glace de son carrosse, et fouette cocher ! Ils se sont battus samedi dernier, en présence de MM. de Choiseul et du Cayla, témoins du Prince, et de MM. de Créquy et de Sabran pour leur cousin M. d’Agoult. Le Prince de Condé a reçu un coup d’épée dans le bras droit ; il s’est fait panser sur le champ de bataille, et s’est fait immédiatement conduire à Versailles, pour déterminer le Roi à ne pas se mêler de cette affaire, et pour le supplier de paraître n’en rien savoir, ce que S. M. a fini par accorder en recommandant à son cousin de se conduire une autre fois avec plus de soumission pour les lois du royaume et plus de respect pour ses ordonnances. Les deux Messieurs d’Agoult continuent leur service comme si de rien n’était, l’un dans les gardes-du-corps et l’autre dans les Gardes-françaises. Toute la noblesse est enchantée de la bonne tenue du jeune d’Agoult, de la bonne conduite de M. le Prince de Condé et de la bonté de notre bon Roi.

    (Manus. du Comte de Nugens.)