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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

bris des oiseaux fabuleux, des papillons chimériques et biscornus, prodigieux insectes ! avec des feuillages absolument inconnus des botanistes, et puis des fleurs ! ah ! des fleurs comme on n’en voit nulle part, et pas même dans les serres chaudes. On n’a jamais vu des animaux et des fleurs de cette nature et de cette physionomie-là que dans les fièvres chaudes…

J’avais donc vu des coutumes ainsi que des modes ridicules, en assez grand nombre, mais je n’en avais jamais vu d’aussi désagréablement insensées que celles de l’époque où nous nous sommes parvenus. Les hommes étaient vêtus de ce qu’on appelait un froc, mot anglais qui veut apparemment dire une sorte d’habit étriqué et ridiculement échancré sur les hanches, qu’il ne recouvre pas. Cette manière d’habit, qui formait la queue d’hirondelle, était, par exemple, en drap d’écarlate, avec de larges boutons composés d’un cercle en cuivre doré, lequel enchâssait un gros verre de montre qui recouvrait et maintenait agréablement des brins de mousse, des coccinelles, des sauterelles, et de petites mouches cantharides. Avec un habit rouge on mettait le plus souvent un gilet de mousseline, une culotte de soie noire et des bas chinés bleu sur blanc. coiffure à la débâcle avec une petite queue sans bourse et sept à huit onces de poudre sur le collet et sur le dos de son habit. Deux longues chaînes de montre avec chacune un paquet de glands creux, de grelots, de petites clochettes, de sonnettes et autres sornettes qu’on appelait breloques ; enfin, pour le complément de cette belle parure, on tenait une