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SOUVENIRS

le plus pervers et le plus détestable des révolutionnaires.

Un Pontife qui descend de sa chaire pour aller conduire un parti furieux, pour guerroyer dans la politique afin d’intriguer dans l’agiotage ; qui change sa mitre en bonnet rouge ; qui a reçu mission pour prêcher aux hommes, au nom de Dieu, la soumission, l’ordre, la vérité, et qui vient, au nom de l’homme et de l’orgueil humain, semer l’erreur et soulever les peuples : un prêtre, un évêque qui ne sait plus obéir et qui veut commander, c’est une criminalité sans égale, et depuis Photius et Cranmer, on n’a rien vu de plus hideux ! N’avez-vous pas vu quelle impudence à déchirer son mandat, son obligation jurée, quand il est venu dire à la tribune, avec une pédanterie cynique et misérablement absurde : Messieurs, délions-nous réciproquement des sermens que nous avons prêtés. Cet impotent faisant l’omnipotent ! Ne dirait-on pas qu’il aurait eu le pouvoir de délier MM. Fretteau, Lameth et Chapelier, des sermens qu’ils avaient prêtés à la couronne, en qualité de conseiller, de colonel ou d’avocat ? Ne dirait-on pas que Barnave ou M. Camus auraient eu le pouvoir de délier M. de Talleyrand, l’évêque d’Autun, du serment qu’il avait fait à la sainte Église Romaine ; de la fidélité qu’il avait jurée à son Roi, et de l’engagement qu’il avait pris avec le clergé de l’Autunois dont il était député ?

« Plus les nœuds sont sacrés, plus les crimes sont grands ! »

Cet abominable évêque est à mes yeux une calamité pour la patrie, un ulcère au cœur de l’Église ;