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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

raient de ce côté-là devaient être conduits au cimetière de la section de Montmartre, où, sans parler de ce qu’on y recouvrait inévitablement votre cercueil avec un drap tricolore, on avait la certitude d’être précipité dans une carrière où les bierres et les corps humains étaient réduits en charpie long-temps avant d’arriver au fond de cet abîme ; enfin les débris chrétiens s’y trouvaient entassés pêle-mêle avec des immondices et des restes d’animaux que la voirie municipale y faisait jeter journellement, et cette pauvre femme en était si troublée qu’elle en perdait la faculté de la prière et n’en pouvait avoir une minute de repos. Je l’ai fait inhumer au cimetière de Vaugirard avec autant de bienséance qu’il a été possible.

Un des faits les plus surprenans de cette odieuse époque, ce fut cette abominable condescendance et cette lâcheté philosophique de Mme de B… pour sa belle-fille qui n’avait jamais pu souffrir son mari, et qui s’était enthousiasmée pour l’éloquence et l’ardent patriotisme, disait-elle, d’un mauvais sujet, nommé Dantonelle et soi-disant Marquis. Ce démocrate était, du reste, un beau garçon de vingt-huit à trente ans et dont la taille allait à cinq pieds sept à huit pouces. Cette indigne belle-mère lui écrivit un jour au nom d’une intéressante jeune femme, belle et sensible personne à laquelle il avait inspiré les sentimens d’un amour invincible, et qui méritait toute sorte d’égards… Il y répondit apparemment comme on l’avait espéré, car elle conduisit sa belle-fille à ce Dantonelle, et de cet acte d’opprobe il est résulté, par une juste punition du ciel, un monstre d’en-