Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/22

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et Tronchin lui-même avait fait le voyage d’Angleterre inutilement.

— Les cauchemars persistans proviennent souvent de l’abus du magnétisme, disait Cazotte[1]. Ils peuvent aussi résulter du magnétisme mal administré ; ce ne sont pas des incrédules ou des matérialistes qui peuvent guérir cette maladie-là. Ce n’est pas ce qu’on croit… ; et comme il ne répondait jamais aux questions qu’on pouvait lui faire on n’en savait rien de plus.

On fut quelque temps sans voir Cazotte ; on apprit qu’il avait passé huit jours à Londres, et Mme de Devonshire écrivit à Paris qu’éti était guérie radicalement.

Mme de Beauharnois changeait et dépérissait à vue d’œil. — Ce n’est rien disait-elle à ses parens et ses amis qui s’en inquiétaient ; et quand on la pressait de répondre, et qu’elle avait commencé par s’en amuser, elle finissait par en pleurer d’impatience… — En vérité lui disais-je, on ne vous reconnaît plus, et je ne conçois rien à ce que vous avez.

— Si je vous le disais, me répondit-elle en souriant, j’en serais honteuse !

— Parlez-moi franchement, ma chère, ou je ne

  1. Jacques Gazette, auteur du poème d’Olivier, du Diable Amoureux : et autres charmans ouvrages, né à Paris en 1720. Après avoir été sauvé miraculeusement du massacre des prisons, il fut condamné par le tribunal révolutionnaire, et monta courageusement sur l’échafaud de barrière du Trône en 1793.
    (Note de l’Auteur.)