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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

pourvue de la charge de Gouvernante des Enfans de France, mais qui pouvait ou devait s’en fâcher, si ce n’étaient les Princesses de Rohan à qui l’on avait retiré, ce grand office et qui ne s’en plaignaient pas ? Mmes de Guémenée, de Brionne et de Marsan, m’ont dit cent fois que la Duchesse de Polignac s’occupait avec tant de sollicitude et s’acquittait si parfaitement bien de cette grande charge, qu’on n’aurait pu faire un choix plus satisfaisant.

Il faut pourtant convenir que la Comtesse-à-brevet avait été placée Dame d’honneur auprès de Madame Élisabeth, à l’époque où l’on forma la maison de cette Fille de France ; et je ne crois pas qu’on dût approuver un choix qui mettait cette chaste Diane à la tête de la maison d’une princesse âgée de quatorze ans. Voilà mon seul grief contre les Polignac.

L’ouverture du livre-rouge est venue révéler que toute cette famille ne touchait pas annuellement sur le trésor ou la cassette du Roi plus de cent vingt mille livres ; mais les Talleyrand, qui ne valaient pas les Chalençon, et qui n’étaient pas moins dépourvus de fortune en arrivant à la cour en 1742, je m’en souviens ! la famille des Talleyrand, vous dis-je, avait trouvé moyen de se faire adjuger en émolumens d’emplois, produits de charges et gouvernemens, bénéfices épiscopaux, abbayes en commande et brevets de retenue, pensions, assignations sur le domaine et autres bienfaits de la couronne à titre gratuit, dix-sept cent mille livres de rente ! La mère de ces trois Lameth avait touché du Roi, qu’ils ont abreuvé d’outrages et dont ils ont provoqué la dé-