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SOUVENIRS

aurait été fort heureuse et bien empressée de nous témoigner une sorte d’obligeance en cette occasion-ci, et ce n’était pas gratuitement qu’on lui demandait sa maison du reste ! Elle en aurait eu ce qu’elle aurait voulu ; je comptais lui faire un pont d’or !

— Mais les ennuis du dérangement ne sauraient être payés à certaines personnes, ma Sœur, et que voudriez-vous qu’une indemnité de quelques cents louis pût faire à Mme de Boufflers ayant cinquante mille écus de rente ?

— Oh ! d’abord il est bien connu que si l’on s’en rapportait à votre exemple et vos avis, on ne demanderait et n’obtiendrait jamais rien, ma chère petite mais heureusement pour vous et pour notre maison que je suis là ! Vous pouvez pardonner à cette Comtesse de Boufflers qui est une ennuyeuse, une insupportable, une assommante, et qui plus est, une insolente ; mais elle me paiera la sottise qu’elle vient de nous faire, elle ne l’emportera pas en terre, et je vous réponds !… Arrivez donc, s’écria-t-elle en apercevant ses bons amis, le Duc de Guines et M. de Vaudreuil, arrivez donc, que je vous montre une composition poétique et philosophique de l’idole du Temple !… On décida sans la moindre hésitation que ces vers étaient détestables, et comme on s’en divertissait à beau renfort de moqueries, on ne laissa pas de se trouver un peu déconcerté par Monsieur, qui déclara que c’était des vers de Racine, en sa tragédie de Britannicus. On disait que tous ces familiers de la Comtesse Diane étaient des illettrés qui ne savaient rien de rien si ce n’était sur les magots et sur le vieux laque, et voici qui me rap-