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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Je sais bien qu’on attaque injustement tous les gens favorisés ; mais les princes ne savent jamais opposer au dénigrement que l’engouement, et pourtant les princes devraient bien se tenir en garde contre le favoritisme, en prenant la peine d’observer qu’il a presque toujours un résultat perversif. Le proverbe romain disait : « Il est traître comme le fils d’un affranchi. » J’ai remarqué que les héritiers d’un favori sont toujours d’une ingratitude affreuse. Mais nous voici bien loin du sieur de la Ferté-Papillon, dont je voulais vous citer une historiette.

On venait de jouer sur le théâtre du château de Fontainebleau, en présence de LL. MM. et sans aucune approbation de leur cour, un nouvel opéra-comique de M. Sédaine, qui se promenait à grands pas sur ledit théâtre, et qui s’en prenait de la chute de sa pièce à la mesquinerie de ce qu’il appelait la mise en scène. Il disait que son ouvrage aurait eu le plus grand succès si l’on avait fait les dépenses indiquées par le programme, et comme il ajouta que le Roi n’en paierait pas moins les mêmes dépenses, il se trouva là quelque valet subalterne, employé des Menus, qui s’en alla dénoncer ce mauvais propos à l’intendant de service. Il arrive en s’écriant : — Où est Sédaine ? — Papillon ! (car je ne vous appellerai pas la Ferté) lui répondit l’autre, M. Sédaine est ici, que lui voulez-vous ?…

Je vous ferai grâce de leur colloque, et je vous dirai seulement qu’il s’ensuivit des choses très-fortes de la part de Monsieur Sédaine. — Et qu’est-ce que c’est donc qu’un Papillon qui met le poing sous